Le jour du scandale
Le coq ne chantait pas comme à l’accoutumée
Les voitures ne roulaient pas bien même sur la route bitumée
Les arbres chantaient hosanna à contrecœur
Les animaux, à la queue-leu-leu, pleuraient à chaudes larmes
Les rivières, les mers et les océans avaient perdus leurs armes
Les montagnes, les plaines et les plateaux se préparaient au combat de toute rancœur.
L’éclipse du soleil eut lieu
Les malheurs de toutes les couleurs
couvrirent mon sacré milieu.
La scène devint macabrement
spectaculaire
Le joug devint une épidémie obscure et
vernaculaire.
Tous les humains souffraient, ils
portaient des croix
Les cadavres sursautaient, sanglotaient
et criaient à haute voix.
Entre la vie et la mort
Il y avait le désespoir, la frayeur et
le remords.
Entre l’angoisse et l’allégresse
Il y avait la cruauté et la haine, non
plus la tendresse.
Les enfants d’un même père
s’entremêlaient
Les gens issus d’un même ancêtre
s’entretuaient.
On se saluait avec des machettes et des
gourdins
On ne dormait plus sur les lits, mais
sur les herbes dans les jardins.
Des coups de balle faisaient mon village
souffrir de toutes les maladies
Des détonations de bombes faisaient
retentir une cacophonie sans mélodies.
Ça faisait rire tous les êtres inertes
Ça faisait ébahir les crustacés et les
insectes.
Ça me faisait beaucoup mal au ventre
Ça faisait crier les crieurs, les
griots, les troubadours les chantres.
Mon cœur avait tellement peur
Mon estomac fut enflé de stupeur.
Ma salive s’est congelée
Mon sang s’est coagulé.
De loin, j’ai entendu des cris de pleurs
A travers la fenêtre, j’ai vu un décor
d’affreuses fleurs.
Des corps sans vie allongés par terre
formaient un terrible paysage
Des larmes, coulant dans mes yeux,
faisaient un montage outré de mon beau visage
Je ne m’attendais qu’au mauvais présage.
Mon village était en feu
Le ciel n’était pas du tout bleu.
Le sang des innocents encensaient le
seuil du ciel
Le rouge et le noir étaient les couleurs
d’un drame en arc-en ciel.
Toute la terre s’agitait
Aucun oiseau ne chantait.
Les hirondelles ne volaient pas en l’air
Les poissons ne nageaient plus dans
l’eau de la mer.
Mon cœur était devenu dur comme une
pierre
Rien ne me semblait fortifiant que la prière.
Je me suis mis à genoux pour prier
Mais j’ai manqué d’équilibre, il me
fallait crier.
Ce jour a fait pleurer et souffrir les mères et les pères
Ce jour a ruiné la paix des âmes
pépères.
C’était le jour du scandale
J’ai dû dormir avec mes sandales.
_Boshirwa Melchisédeck
Boshir Melcky, Poète Burundais
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